La création des trois Bleus
En 1954, âgé de 68 ans, Miró quitte sa ville natale, Barcelone, prenant ainsi ses distances avec la dictature du général Franco. Il décide de revenir s’installer définitivement sur l’île de Majorque où il s’était réfugié en 1941.
Après avoir acheté un terrain, il se fait construire une villa un peu en dehors de la ville de Palma. Deux ans plus tard, l’architecte José Lluís Sert lui livre le grand atelier dont il rêvait depuis longtemps. Disposant désormais d’espaces de vastes dimensions, Miró peut envisager d’y créer des œuvres monumentales.
Il faut cependant attendre 1961 pour en voir sortir les premiers exemples : les trois Bleus, aujourd’hui au Centre Pompidou.
Si les peintures ont été achevées le 4 mars de cette année, leur genèse a été particulièrement longue, puisque Miró en a commencé la conception en février 1960. En témoignent plusieurs minuscules croquis au stylo à bille et aux crayons de couleurs réalisés sur des supports de fortune (Fundació Joan Miró, Barcelone). Se détachant sur des tourbillons de crayon de couleur bleu, les points et les lignes qui se retrouveront dans chacun des trois Bleus s’y discernent déjà. Il a donc fallu plus d’un an à Miró pour méditer son triptyque avant de passer rapidement à l’action en donnant à ses croquis une majestueuse ampleur.
La couleur bleue
Du premier coup d’œil, les trois peintures de Miró se caractérisent par leur fond uniformément bleu, couleur dont le seul énoncé suffit d’ailleurs à titrer chacune d’entre elles. Liée traditionnellement à la vision céleste, le bleu symbolise depuis toujours calme et sérénité, voire mysticisme.
L’intérêt de l’artiste pour cette couleur qui occupe également une place particulière dans la culture populaire catalane, a sans doute été conforté par sa lecture des poètes, Rubén Darío et Stéphane Mallarmé notamment. La dimension onirique de cette couleur est affirmée par Miró dès 1925 dans l’une de ses « Peintures-poèmes », où une tache bleue est accompagnée d’une inscription à même la toile, Ceci est la couleur de mes rêves (The Metropolitan Museum, New York).
Depuis 1924 et jusqu’en 1927, l’artiste multiplie en effet les peintures à fond bleu, dont le Centre Pompidou conserve plusieurs exemples, comme Baigneuse (1924), La Sieste (1925) ou encore deux Peintures (1927).
D’abord associée sur un mode métaphorique aux éléments marin et céleste, ainsi qu’au sommeil, la couleur bleue ne tarde pas dès cette époque à se détacher de tout référent, transcendant la notion d’abstraction, dont Miró ne s’est jamais prévalu, attaché qu’il restera toujours à la notion de « réalisme » poétique.
En 1961, soit plus de trente ans plus tard, Miró revient à ce fond monochrome dans un esprit minimaliste qui tranche avec les autres œuvres de cette période qui s’est ouverte après la série des Constellations des années 1940. Dans les trois Bleus la raréfaction des motifs et le recours à seulement deux autres couleurs, le noir et le rouge, décuplent encore la puissance de la couleur élue par Miró.
En 1961, soit plus de trente ans plus tard, Miró revient à ce fond monochrome dans un esprit minimaliste qui tranche avec les autres œuvres de cette période qui s’est ouverte après la série des Constellations des années 1940. Dans les trois Bleus la raréfaction des motifs et le recours à seulement deux autres couleurs, le noir et le rouge, décuplent encore la puissance de la couleur élue par Miró.
A la découverte des Very Important Pieces du Centre Pompidou
Joan Miró. Bleu I, Bleu II, Bleu III . PompidouVIP © Successió Miró / Adagp, Paris 2020
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Œuvres reproduites et ressources
- Joan Miró, Dessin préparatoire pour Bleu I, 1961. Fundació Joan Miró, Barcelone (FJM 2446) © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Fundació Joan Miró, Barcelone
- Joan Miró, Dessin préparatoire pour Bleu II, 1961. Fundació Joan Miró, Barcelone (FJM 2444) © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Fundació Joan Miró, Barcelone
- Joan Miró, Dessin préparatoire pour Bleu III, 1961. Fundació Joan Miró, Barcelone (FJM 2445) © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Fundació Joan Miró, Barcelone
- Joan Miró, Bleu I, 4 mars 1961. Huile sur toile. Achat en souvenir de Dominique Bozo, avec le concours du Fonds du Patrimoine, et l’aide de Sylvie et d’Eric Boissonnas, de Jacques Boissonnas, d’Hélène et Michel David-Weill, de la Société des Amis du Musée, de Pierre Bergé, de Yves Saint Laurent, de la Maison Yves Saint Laurent et avec la participation de nombreux souscripteurs, 1993. Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP
- Joan Miró, Bleu II, 4 mars 1961. Huile sur toile. Don de la Menil Foundation en mémoire de Jean de Menil, 1984. Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP
- Joan Miró, Bleu III, 4 mars 1961. Huile sur toile. Achat en 1988. Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/Dist. RMN-GP
- Joan Miró, Baigneuse, automne 1924. Huile sur toile. Donation Louise et Michel Leiris, 1984. Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Bertrand Prévost/Dist. RMN-GP
- Joan Miró, Peinture, avril 1927 – milieu de mai 1927. Huile sur toile. Dation, 1994. Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © photo Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP
- Joan Miró, Bleu I, II, III, PompidouVIP © Successió Miró / Adagp, Paris 2020 © Centre Pompidou, SPAV